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Philippe Glorieux, photographe, s’est laissé « prendre » par le chemin de Saint-Jacques, et son cheminement artistique s’est rapidement transformé en démarche spirituelle. Il partage cette quête dans un livre qui vient de paraître, La Voie(x) du Cœur ou le Chemin du Miroir.

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Par Gaële de la Brosse

Le Pellerin

Sur le Chemin, il y a la voie de la raison, et la voie du cœur. La première conseille au pèlerin de respecter les consignes des guides et de suivre les sentiers balisés. La deuxième l’invite à écouter sa petite voix intérieure et à céder à l’appel de l’aventure.
Ou plutôt de l’Aventure, avec un A majuscule. C’est cette route-là qui a « aspiré » (selon ses propres termes) le photographe Philippe Glorieux au départ de chez lui, à Lescar (Pyrénées-Atlantiques), le 1er mai 2015.

« On dit souvent qu’on ne prend pas le chemin, mais que c’est le chemin qui vous prend. C’est vraiment ce que j’ai vécu durant ce pèlerinage »

Confie le pèlerin qui a marché jusqu’à Compostelle et a effectué, depuis, une partie du Camino del Norte, longeant la côte atlantique du nord de l’Espagne.

Une rencontre avec soi-même
La Voie(x) du Cœur, livre que Philippe Glorieux vient de publier, est d’abord l’écho d’une rencontre avec lui-même. « Le fameux “Connais-toi toi-même” inscrit sur le temple de Delphes est le prélude à tout cheminement », explique-t-il.

C’est pourquoi il est parti avec un miroir qu’il a tendu aux pèlerins rencontrés au cours de son voyage. Ces « Portraits aux miroirs » ponctuent la série de photographies en noir et blanc qui constituent cet album.

« Il faut s’accepter, se respecter, s’aimer, et être en paix avec soi-même pour aller ensuite vers les autres », ajoute l’artiste.

Guidé par les symboles
En suivant son ombre, cap à l’ouest, Philippe Glorieux, « parti cheminant et vite devenu pèlerin », s’est laissé guider par les signes du chemin : un passage dans un mur, une porte ouverte, une haie sous un arbre, un labyrinthe dans l’herbe, un escalier vers un oratoire, un nuage dans le ciel, magnifiquement photographiés et présentés dans ce livre.

Ces nouveaux repères, plus intérieurs que les flèches balisant l’itinéraire, ont amené le pèlerin à faire de superbes rencontres, également restituées dans ces pages à travers le sourire de Laurent, hospitalier à Sarrance, ou d’Hélène, hospitalière à Oloron ; le rayonnement du canadien Vincent et de sa famille ; le regard nostalgique de Tony, un pèlerin italien qui chemine depuis dix ans ; l’accolade fraternelle de deux pèlerines arrivées au cap Finisterre.

Trois histoires signifiantes
Mais Philippe Glorieux n’est pas seulement photographe : au fil de la route, il devient conteur. Trois histoires constituent ainsi la trame de ce livre.

Celle de l’apparition, en pleine nuit et en ombre chinoise sous la lune, d’un bouc qu’il prend d’abord pour le diable – et qui lui apprendra à regarder ses peurs en face.

Celle de la vision de son père, perdu lorsqu’il avait 14 ans – qui lui fera ressentir la place de l’homme dans l’Univers.

Celle d’une succession de rencontres avec Maximilien, un jeune Allemand parti en pèlerinage pour faire le deuil de son frère – où les signes se mêleront pour lui enseigner que la mort n’est pas une fin.

Des histoires, des commentaires et des images qui nous révèlent à leur tour que de la connaissance de soi à la découverte des vérités essentielles, il n’y a qu’un pas !

Préface

L’apocalypse n’est ni une catastrophe ni la fin du monde, c’est une révélation : on voit enfin. En avançant, on y voit encore plus clair, surtout en s’approchant de l’oméga.

Les principaux agents du photographe argentique étaient le révélateur et le fixateur, ils faisaient leur oeuvre dans les ténèbres qu’ils éclairaient. Ça ne se voyait pas, mais on avait intérêt à le savoir. La modernité n’a rien changé, ici ou ailleurs, il faudra toujours lutter contre les ténèbres, aller voir plus loin, et même plus outre comme disent les pèlerins. C’est-à-dire révéler et fixer ce qui se trouve là où — paraît-il — il n’y a rien à voir sur la voie où on s’est aventuré.

Il vit que la lumière était bonne ; et il sépara la lumière d’avec les ténèbres.

Moi aussi j’ai vu, mais je vois bien ici que je n’avais pas tout vu. Je ne pouvais tout voir, et d’ailleurs Philippe non plus. Il nous resterait tant à révéler et à fixer ! Tant à dire !

À peine si nous pourrions avoir l’audace de montrer la voie.

Crestian Lamaison

Via Compostelle, 1999-2006